While I Kiss the Sky

Le titre « Scuse me, wlyle i kiss the sky » de Jimmy Hendrix s’inspire, non pas de l’expérience des drogues comme on l’a souvent pensé, mais d’un rêve qu’il avait fait où il marchait sous la mer. « C’était en rapport avec une histoire que j’avais lu dans un magazine de science fiction, raconte Hendrix ( une nouvelle de Philip José Farmer écrite en 1957, Night of Light day of dreams, publiée en 66), et où il est question d’une planète appelé Danse Joy où le ciel devient parfois violet la nuit et le ciel mauve le jour »

Un ciel mauve…, ou orange, ou fuchsia ?

Nul besoin de rêver à une planète fictive, ici et chaque jour, la lumière peint sur la toile permanente au dessus de nos têtes. Ce spectacle, sans cesse renouvelé, essentialise un paradoxe, pour l’artiste comme pour le tout à chacun : Il est en effet à la fois parfaitement banal -littéralement ordinaire- et en même temps inédit, d’une beauté inépuisable, source d’émotions et d’inspiration – littéralement extra-ordinaire-.

Plus encore, on sait que notre capacité à nous émouvoir des métamorphoses du ciel, de son répertoire de couleurs, de formes, de textures a façonné, depuis la nuit des temps, notre rapport au monde, notre imaginaire. Autrement dit, notre conscience. Cette émotion esthétique, existentielle, métaphysique, participe de ce qui nous distingue et nous caractérise en tant qu’espèce.

Dans une actualité scandée par l’accélération, la dématérialisation et la catastrophe écologique, tandis que nous baissons désormais plus souvent les yeux sur nos écrans que nous ne les levons au ciel ou ne les portons alentours, ramener notre attention et notre capacité d’émerveillement à ce continuum fondateur est davantage qu’une expression artistique, c’est aussi un acte militant.

« Et c’était vraiment comme ça quand vous avez pris la photo », me demande t-on souvent?  – Oui .

Je n’utilise pas de filtres, pas d’artifices . Dans la prise de vue ou au travers les réglages de développement (réglages basiques de contraste, saturation, colorimétrie) je cherche à être au plus près de ce que je v(o)is, qui me saisit et que je saisis en retour, dans un dialogue silencieux avec la beauté du monde

Prenons seulement le temps de regarder, ça se passe pour de vrai, ici et maintenant.

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